Bilan national 2009

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Le 9 octobre 2009 s’est déroulé le Bilan National au grand Auditorium de la BNF. Cet événement qui a rassemblé coordinateurs, partenaires et bénévoles d’Ile de France a été l’occasion de lancer la 10ème année de Lire et faire.
Moment de réflexions, d’interventions, de projets, de témoignages et… d’émotion aussi. 10 ans déjà !

Jacqueline Sanson, directrice générale de la BNF, prend en premier la parole et exprime sa profonde admiration « pour tous ceux qui consacrent leur vie à cette transmission du livre qui est si importante pour nous tous ».
Lire et faire lire est une association qui lui tient à cœur et avec laquelle la BNF partage le besoin commun de transmettre un héritage culturel et littéraire.
C’est la BNF, elle-même, qui remercie l’association de l’avoir choisie pour démarrer la 10ème année de Lire et faire lire !
Jacqueline Sanson : VIDEO

Gérard David, président de Lire et faire lire, introduit son discours en remerciant la longue liste de partenaires présents en ce jour.
Alors que les études montrent que le bénévolat ne va pas de soi dans nos vies actuelles, Lire et faire lire révèle au contraire la grande énergie présente dans la société. Le pari était audacieux mais avec l’engagement des deux réseaux associatifs que sont l’UNAF et la Ligue de l’enseignement, le projet est devenu réel jusqu’à obtenir, 10 ans après, 12 000 bénévoles, plus de 5000 structures éducatives qui accueillent notre association, 250 000 enfants concernés et des lieux d’intervention qui se sont diversifiées.
Gérard David rappelle la volonté première d’Alexandre Jardin au moment de la création : « Faire un peuple de lecteurs demeure le fil conducteur de Lire et faire lire et au centre de mes préoccupations, il y a la littérature, le livre, les lecteurs, les jeunes lecteurs et les bénévoles, lecteurs eux-mêmes ».
Au cours de cette dixième année, Gérard David invite à relancer une campagne de communication nationale relayée par les départements pour qu’on ne cesse de parler de notre action : « Nul élu local, nul partenaire local ne peut ignorer aujourd’hui Lire et faire lire. » Gérard David remercie tout spécialement les partenaires sans qui Lire et faire lire ne serait pas devenue ce qu’elle est aujourd’hui, ainsi que les auteurs, éditeurs et bibliothécaires avec qui nous travaillons en étroite collaboration. Le message du Président se veut positif et enthousiasmant en cette 10ème année : « Mes amis, cette année est importante : elle doit garantir la pérennité de Lire et faire lire, être l’occasion de répondre au mieux à tous les lieux où l’on nous appelle. Nous réussirons ensemble, pour que dans ce pays décroisse l’inégalité, et pour mieux vivre ensemble. »
Gérard David : VIDEO 1/2
Gérard David : VIDEO 2/2

Laurent Piolatto, délégué général de Lire et faire lire se livre à un commentaire sur le rapport d’activité 2008-2009, qui témoigne de la hausse du nombre de bénévoles engagés dans notre action, de la diversification des structures éducatives, des financements et subventions divers mais surtout de la hausse de 45% des formations qui sont proposées aux membres de l’association pour obtenir une plus grande qualification dans leurs activités respectives.

Laure Collignon, chef du département des bibliothèques publiques et du développement de la lecture au ministère de la Culture et de la Communication, rappelle les années de partenariat avec LFL développé à travers de nombreuses actions de communication comme l’opération « Sacs de Pages » ou la présence de Lire et faire lire au salon de Montreuil sur le stand de la Direction du Livre et de la Lecture (DLL). Elle remercie tout spécialement Lire et faire lire pour tous les moyens mis en œuvre pour faire découvrir la diversité et la richesse de la littérature aux enfants.
Elle profite de cet anniversaire pour proposer une nouvelle forme de partenariat en mettant la priorité sur les enfants handicapés et leur accès au savoir et à la culture. La DLL a pour objectif principal de développer des moyens de communication qui s’adaptent aux enfants en difficulté pour leur apporter les mêmes connaissances.
Laure Collignon : VIDEO

« Des bénévoles de plus de 50 ans offrent une partie de leur temps aux enfants pour stimuler le goût de la lecture et favoriser leur approche de la littérature ».
A travers cette phrase, René Macron, chef de bureau des écoles au ministère de l’Education nationale, représentant de la DGESCO, se livre à une analyse sémantique pour cerner le rôle de Lire et faire lire et son action dans les structures éducatives.
En se fixant dans un premier temps sur les termes « offrir de leur temps », il rappelle tout le paradoxe que représente la notion de durée qui s’oppose à notre société actuelle plongée dans l’ère du « Zapping », « plaie » de notre système. Partager un instant dans la durée est un acte très marquant pour un enfant qui vit dans un système de changement permanent. Le bénévole joue un rôle déterminant dans le développement de l’enfant qui a besoin d’un « passeur » pour lui prendre la main et lui faciliter le passage vers le monde adulte.
En s’arrêtant sur l’expression « stimuler le goût de la lecture », notre intervenant relève ensuite la notion de plaisir qu’éveille l’échange entre le bénévole et l’enfant : par la transmission du savoir, plaisir et goût ne font plus qu’un. En faisant partager la magie des mots, l’enfant découvre une approche ludique de la littérature.
Pour conclure, René Macron invite bénévoles, enseignants et parents à partager leurs expériences dans leur relation avec l’enfant afin de fixer les moyens à mettre en œuvre pour faciliter le « passage » de l’enfant vers le monde des adultes.
René Macron : VIDEO

Serge Guérin, sociologue et auteur de L’invention des Séniors (Hachette) et Vive les Vieux (chez Michalon) succède à René Macron.
A partir de la question, « Les retraités sont-ils toujours les mêmes ? », il propose un exposé sur l’évolution des retraités, sur leur place dans la société et sur leurs habitudes de vie. (Vous retrouverez en bas de page son diaporama téléchargeable.)
Notre intervenant souligne tout d’abord la forte croissance du nombre de retraités dans les dernières années : hier il y avait 11 millions de retraités, aujourd’hui on en compte 13 millions. La notion de retraité et sa durée a elle-même évolué : « plus l’espérance de vie augmente, plus on diminue le temps de travail » ironise Serge Guérin. Alors que le terme « retraité » portait en lui-même une connotation négative de « fin de vie », de discrétion, aujourd’hui il définie au contraire ceux qui peuvent être encore acteurs de la société, qui ont une véritable implication dans la vie de tous les jours.
Serge Guérin souligne tout d’abord l’allongement de l’espérance de vie qui depuis 1999 a augmenté de deux ans et demi grâce, entre autre, au progrès de la médecine, à la prévention et à la protection sociale. A 60 ans, c’est donc une nouvelle vie qui s’offre à cette catégorie d’individus qui semble commencer une « carrière » de retraités comme le définie Serge Guérin.
Il distingue dans la catégorie des retraités, quatre groupes de population :
- Les séniors traditionnels qui, selon l’image d’Epinal, restent avec l’âge conservateurs.
- Les séniors fragilisés qui subissent ou cumulent des problèmes physiques, mentaux, moraux ou économiques.
- Les séniors "Boboos" plus concrètement des boomers bohèmes qui malgré l’âge ne renoncent pas à leur vie passée, et gardent leur idéaux de jeunesse.
- Les "boofra" qui s’assimilent aux boboos mais avec leur fragilité et leur handicap de la vieillesse. Serge Guérin observe aussi une évolution dans les attentes des retraités.
Alors que dans les années 90 ils désiraient une sécurité physique, ils veulent aujourd’hui une sécurité globale et recherchent plus que tout à « rester dans le coup », à intégrer la culture de citoyenneté, à bénéficier de services et de confort et à être respectés. Pour illustrer ces analyses, Serge Guérin souligne par exemple que 30% des maires sont des retraités ou encore qu’il y a 30 à 40% de retraités militants dans les syndicats. Les retraités ont ainsi un fort impact dans la vie politique et dans les élections. Ils étaient ainsi 50% à voter pour les élections européennes de 2009.
Dans l’univers des associations, les retraités sont 46% à être adhérents et 80% à être des bénévoles actifs. Comme le dit si bien Serge Guérin ils représentent la « colonne vertébrale » d’une association.
L’augmentation de cette population entraîne aussi de lourdes conséquences sur leur revenu et leur pouvoir d’achat. Il y a 600 000 personnes qui se localisent au Minimum Retraite de 677 euros. La retraite moyenne est de 1296 euros par mois. L’univers des retraités est plus vulnérable avec les années. De nombreuses réflexions sont donc en cours pour améliorer les conditions de vie d’une classe sociale de plus en plus nombreuse pour des durées de plus en plus longues.
Serge Guérin : VIDEO 1/2
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Jean-François Hersent (responsable de la Mission des études sur la lecture, Direction du livre et de la lecture, Ministère de la Culture et de la Communication) répond par la suite à la question « 1999-2009, les enfants lisent-ils autrement ? ». Notre intervenant annonce auparavant que nous sommes dans l’attente de la publication d’une nouvelle enquête sur les pratiques culturelles et numériques des français, enquête qui renouvellera les tendances sociales déjà observées. Jean-François Hersent cite Jean de la Fontaine pour définir le rapport des enfants avec la lecture : cette pratique « plie mais ne rompt pas ». Pour évaluer au mieux la jeune génération, il rappelle que les moins de 25 ans sont nés dans un monde dominé par les médias, le rapport avec l’écrit est donc modifié.
Suite à une enquête faite en 2007 lors du Salon du Livre de Paris, plusieurs spécificités ont été observées chez les jeunes. Parmi leurs pratiques culturelles, on observe un clivage entre les filles et les garçons. Ainsi les filles se tourneront plus facilement vers une lecture de fiction romanesque qui correspond à leur univers affectif, alors que les garçons seront adeptes d’une lecture utilitaire. Parmi les autres clivages à prendre en compte, les différents milieux sociaux déterminent bien souvent le rapport du jeune à la culture.
Enfin Jean-François Hersent note qu’il est important de relever la corrélation qu’il existe entre la lecture et les loisirs multimédia puisqu’en moyenne moins un enfant lit plus il sera adepte des jeux vidéo, surtout pour les moins de 13 ans. Tout cet ensemble d’observations indique une baisse régulière de la lecture chez les jeunes sans pour autant qu’il y ait une rupture. On observe une modification des rapports des jeunes à l’ensemble des objets culturels et pas seulement à la lecture. Jean-François Hersent conclut ainsi : « Rien ne nous permet de penser que la généralisation du numérique va transformer de fond en comble le rapport à la lecture pour les jeunes générations pas plus que naguère la radio, la télévision ou les jeux vidéos ont été cause de la baisse de la lecture ».
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Les coordinateurs de Maine et Loire, Sylvie Douet et Christophe Gabillard, nous offrent un témoignage rappelant l’ancrage progressif de Lire et faire lire dans leur département sur 10 années. Aujourd’hui une centaine de structures éducatives ont adhéré à notre association grâce à plus de 250 bénévoles, auxquels s’ajoute l’inscription de Lire et faire lire au sein même des projets éducatifs et territoriaux du 49.
Marie-France Popot entre ensuite en scène pour présenter son engagement et le plaisir qu’elle tire en étant bénévole et Présidente de Lire et faire lire 92.

L’intervention de Monsieur Le Bourhis, maire adjoint de la ville d’Antony chargé de l’éducation dans les Hauts de Seine, est un bel exemple de soutien d’une collectivité locale. Son désir d’aider les enfants en échec scolaire l’a conduit à travailler avec Lire et faire lire et à les intégrer dans le programme éducatif de la ville d’Antony. Par ce partenariat, « Lire et faire lire bénéficie de la promotion de son activité en terme de communication (affichages, articles réguliers dans le bulletin municipal…). Les bénévoles ont la gratuité des services de la bibliothèque municipale et l’association reçoit une subvention.
De son côté, Lire et faire lire associe régulièrement la ville à ses réunions avec les écoles et les bénévoles. ». En un an et demi la ville d’Antony a vu le nombre de ses bénévoles passer de 10 à 100 adhérents. Sur l’année scolaire 2009-2010, 14 écoles maternelles (sur 14) et 11 écoles élémentaires (sur 12) bénéficieront de l’action de Lire et faire lire. Le succès de cette opération est visible, « les enseignants parlent d’évolution sensible parmi les élèves qui participent à cette action et tous les partenaires sont heureux du travail qui se fait ».

Pascal Guénée, co-fondateur de Lire et faire lire, exprime des « millions de merci » à tous ceux qui participent à notre aventure et il rappelle les difficultés des débuts. C’est à partir d’une amitié avec Alexandre Jardin, d’un goût commun pour la lecture et la langue et d’une complémentarité de caractère, qu’ils ont réussi à donner vie à leur projet.
Pascal Guénée : VIDEO

Alexandre Jardin prend ensuite la parole avec une certaine émotion. De la solitude des débuts, il observe aujourd’hui une grande solidarité. Il décrit l’action de chacun des membres de l’association comme un « défi au réel » et il les qualifie avec beaucoup d’humour de « gens bizarres, anormaux », caractéristique indispensable pour se lancer dans une telle aventure. « Le carburant de Lire et faire lire est la singularité de chacun des membres ».
Alexandre Jardin : VIDEO

Luc Flichy, président de l’UDAF 78 et administrateur de LFL, rappelle le partenariat qui unit l’UNAF et la Ligue de l’enseignement autour de Lire et faire lire, et autour du goût commun pour les enfants et la lecture. Il énonce quelques axes prioritaires pour les années à venir : l’ouverture de Lire et faire lire vers la petite enfance et vers les collectivités locales, les intercommunalités et les mairies.
Eric Favey, secrétaire national de la Ligue de l’enseignement et administrateur LFL, introduit son discours en citant celui sans qui rien ne serait arrivé, Jean Macé qui déclarait en 1862 : « Le complément de l’école primaire, c’est la bibliothèque populaire, la première est la clé mais l’autre est la maison. Avoir la clé sans la maison, on ne peut pas précisément appeler cela « être logé ». » Dès la naissance du partenariat entre Lire et faire Lire et la Ligue, l’action s’est fondée sur l’école et sur l’éducation dans le langage, dans la pensée et dans le monde. Pour développer notre action commune avec la Ligue, il ne faudra pas se limiter à l’école mais s’étendre aux collectivités locales avec comme but précis, l’avenir des enfants pour qu’ils deviennent des personnes en tant que telles disposant de droits et non comme le dit Daniel Pennac de futurs « clients et consommateurs ».

L’après-midi offre aux bénévoles qui nous ont rejoints un débat animé par François Busnel avec Daniel Pennac, écrivain et professeur, Annick Lorant-Jolly, rédactrice en chef de La Revue des livres pour enfants publiée par la (...)Joie par les livres, Marie Sellier, présidente de la Charte des auteurs et illustrateurs jeunesse, et Serge Boimare, enseignant et psychologue, directeur pédagogique du Centre Claude Bernard à Paris.
L’expérience commune de l’enseignement pour un grand nombre des intervenants pousse François Busnel à demander d’expliquer l’interaction qu’a pu avoir Daniel Pennac entre son métier de professeur et son métier d’écrivain. Ce dernier résume sa double fonction par une simple réalité : « Rien ne donne jamais autant envie qu’un paquet de copies à corriger ». Son expérience de pédagogue a profondément nourri ses écrits et ses écrits ont profondément nourri le contenu de son enseignement. Il témoigne ainsi d’avoir pris l’habitude de lire des textes à ses élèves au moins une heure par semaine, une façon de les réconcilier avec la lecture.
A la problématique du refus d’un élève de lire, Serge Boimare explique à quel point il est important de partager le temps de lecture en groupe, car l’effet de masse attire toujours les plus réticents. Marie Sellier souligne aussi le rôle prédominant de la lecture à haute voix où le texte écrit est déclamé. De ses nombreuses années d’enseignement, Daniel Pennac a en effet observé la démocratisation de la lecture qui est passée d’un univers silencieux et personnel à un échange bruyant et collectif. Aujourd’hui, les publications offrent un éventail de choix, de genres, de diversités pour tous les âges et tous les caractères. Annick Lorant Jolly souligne le rôle de médiateur des adultes qui doivent pouvoir cerner le besoin culturel et littéraire de l’enfant selon son vécu, ses témoignages, ses épreuves de la vie… Serge Boimare observe en effet deux facteurs dans la difficulté d’apprendre. Il existe la plupart du temps des enfants qui manquent de compétences et de connaissances, mais il existe aussi une autre catégorie de jeunes qui s’empêchent d’ « entrer dans le moment de la pensée » ; des craintes, des inquiétudes les empêchent d’être efficaces au moment de l’apprentissage. La diversité de la littérature est un outil essentiel pour « remettre en marche la machine à penser » de ces enfants. C’est là que se positionne alors le rôle de l’adulte qui sera le médiateur entre le livre et l’enfant.
L’après-midi se clôt sur une lecture de François Marthouret extrait du programme « Eloge de la lecture » proposée par l’association Textes et Voix, partenaire avec Lire et faire, et présentée par Nadine Eghels.
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Un goûter est proposé aux moins pressés pendant que certains visitent la nouvelle salle du Centre national de la littérature pour la Jeunesse - La Joie par les livres, installé depuis peu à la BNF.

Les "10 ans" sont à présents lancés, fêtons-les tous ensemble !